Retour à Reims, sur fond rouge
ADAPTATION | MISE EN SCÈNE Stéphane Arcas. AVEC Marie Bos, Julien Jaillot, Nicolas Luçon, Thierry Raynaud, Fyl Sangdor, Claude Schmitz
MUSIQUE LIVE Michel Cloup, Julien Rufié
SCÉNOGRAPHIE | COSTUMES Claude Panier, Anaïs Terwagne, Stéphane Arcas
STAGIAIRE SCÉNOGRAPHIE Pauline Costes, Lucas Arcas
CRÉATION LUMIÈRES Margareta Andersen
CRÉATION MASQUE Rebecca Flores
COACH MARIONNETTE Agnès Limbos
DÉCOIFFEUR Philippe Sangdor
ASSISTANAT Cécile Chèvre
PHOTOS (plateau) Estelle Rullier
VIDÉO (captation) Mathieu Haessler, Sonia Rigoot
Production: Black Flag/la Coop asbl. En coproduction avec le Théâtre Varia, la Maison de la Culture de Tournai. Avec l’aide de la Fédération Wallonie-Bruxelles, service général de la Création artistique, Direction du Théâtre. Avec le soutien du Tax Shelter du Gouvernement fédéral de Belgique.D’après « Retour à Reims » de Didier Eribon | Éditions Fayard.
autres », in Dits et écrits de Michel Foucault | © Éditions Gallimard
Après l’enterrement de son père, Didier Eribon retourne chez sa mère à Reims – la ville de l’insulte. Il retrouve le milieu ouvrier qu’il a quitté trente ans auparavant, pensant pouvoir vivre sa vie à l’écart de sa famille et s’inventer soi-même en tournant le dos à son passé.
Il décide alors de replonger dans son histoire et de questionner les raisons de son éloignement. Sa mère le guide sur le chemin des souvenirs refoulés en étalant devant lui de vieilles photos et en lui rappelant la réalité de leur vie, à son père et à elle. Progressivement, il prend conscience que sa rupture avec sa famille ne s’explique pas tant par son homosexualité et par l’homophobie de son père que par une honte de son milieu social. Il comprend aussi le déterminisme social qui a pesé sur ses parents et notamment sur son père : l’usine qui l’attendait, qui était là pour lui comme il était là pour elle.
Tout en retraçant l’histoire de sa famille, Didier Eribon mêle à son récit les éléments d’une réflexion plus vaste sur les classes, la fabrication des identités, la politique, le vote, la sexualité… Il se demande pourquoi il lui fut plus facile d’écrire sur la honte sexuelle que sur la honte sociale. Il s’interroge sur les raisons qui l’ont poussé à rompre avec son milieu d’origine. Mais un tel choix peut-il être à jamais définitif ? A quoi s’attache-t-on sinon à se réconcilier avec soi-même et avec le monde que l’on a quitté ?
C’est de manière frontale comme un choc, découpé en une série de monologues qui s’enchaînent et avec deux musiciens, que Stéphane Arcas met en scène ce récit bouleversant dont il signe l’adaptation. Restituer, sur fond rouge, l’histoire d’un livre et de son écriture qui commence plusieurs générations avant même que l’auteur ne l’entame ; restituer l’histoire d’un fils d’ouvrier, une histoire enfouie qui reste inscrite dans sa chair alors même qu’il est passé dans « l’autre camp » de l’ascension sociale ; faire résonner son épopée familiale racontée sous fond sociologique comme un cri intérieur proche du jazz et du rock ; lui donner son sens tragique car l’épopée s’avère déceptive. Nous portons tous la blessure traumatique des luttes sociales. Il n’est pas besoin d’un même parcours social pour comprendre un état de fait comme un état du monde.
EN After the funeral of his father, Didier Eribon returns to his mother in Reims, his native town. He finds back the working class environment that he left thirty years earlier, thinking he could live far away from his family and that he could reinvent himself by turning his back on his past. Stéphane Arcas stages this distressing story in a very straightforward way as a shock, cut up in a series of linked monologues and accompanied by two musicians. He signs the adaptation as well. It’s all about making this family epic, which is set against a sociological background, resonate as a internalized scream close to jazz and rock; making the political sense resonate and free the emotion. « Freedom is what we do with what is done to us. » [The importance is not what one does to us, but what we do with what is done to us.] J.P. Sartre.
NL Na de begrafenis van zijn vader keert Didier Eribon terug naar zijn moeder in Reims, zijn geboortestad. Hij vindt er het arbeidersmilieu terug dat hij dertig jaar eerder achterliet, toen hij nog dacht dat hij zijn leven ver weg van zijn familie kon leven, en zichzelf kon uitvinden door zijn verleden de rug toe te keren. Stéphane Arcas ensceneert dit pakkend verhaal op een erg frontale manier als een shock, verknipt in een reeks monologen die zich opvolge, begeleid door twee muzikanten. Hij tekent daarbij ook voor de adaptatie. Het gaat erom dit familie-epos, verteld tegen een sociologische achtergrond, te laten weerklinken als een inwendige kreet, dicht verwant met jazz en rock; zijn politieke betekenis te laten weerklinken en de emotie ervan vrij te geven. « Het is niet belangrijk wat men van ons maakt, maar wat wij zelf maken van wat ze van ons gemaakt hebben. » J.P. Sartre
CALENDRIER
- Du 05 au 06/12/2017à la Maison de la Culture de Tournai
- Du 03/10 au 21/10/2017 au Théâtre Varia