UN PLUS SIMPLE APPAREIL Quand on s’est rencontré Baudouin et moi, la simple sonnerie d’opéra, à elle seule, nous faisait rêver. Mais peu d’artistes ont accès à l’Opéra avec un grand O. Sans doute pas tant pour des raisons qualitatives mais simplement pour des raisons économiques et parce que tout le monde n’a pas parcouru le chemin institutionnel nécessaire pour avoir accès à ses portes d’entrée. Cette envie de prouver le contraire – « que nous devrions malgré tout créer un opéra » – nous a rassemblés. Nous avons opté, dès lors, pour une alternative en proposant à d’autres types de lieux de s’ouvrir à cette pratique par le biais d’opéras plus modestes. Nous avons choisi un dispositif minimal, une forme opératique aux coutures apparentes, qui pour autant ne brade pas la qualité et l’exigence artistique. Présenter d’une manière brute la simple mécanique des musiciens, chanteurs, comédiens et du chef au travail, et en faire un enjeu dramaturgique en soi. Et en effet, cette option offre, malgré son dénuement formel, une atmosphère de grandeur. Même si on se situe loin du baroque traditionnel, du faste pimpant des grosses productions opératiques telles qu’elles sont conçues dans l’imaginaire collectif, cette même magie opère ici mais dans son plus simple appareil. LES TEXTES La Forêt, le Désert et l’Argent. Une trilogie tirée par les cheveux. Entre 2008 et 2011, j’ai écrit ce triptyque théâtral. Il s’agissait pour moi de l’envie dans chaque volet de créer, un peu comme dans un morceau de free jazz, des variations textuelles libres en les superposant à ma vision de chacun de ces trois éléments qui me servaient de fil d’Ariane. Ces thématiques (clichés métaphysiques) servent de prétexte à disserter, plaisanter et surtout jouer avec la langue. Dans le cas de La Forêt, il s’agit de la traversée et la survie d’un trio perdu en terrain inconnu qui constitue l’axe de la dramaturgie. Le Désert présente une quête existentielle dans un décor hostile et sans limites. L’Argent, lui, parle de notre rapport au réel et à la mort. Chaque texte explore les clichés liés à l’univers qu’il traverse. Dans le cas de la Forêt, par exemple, les scènes s’enchainent et les personnages prêtent au lieu « la forêt » un statut différent. C’est à dire qu’ils en parlent, ou plutôt, la joue comme s’ils étaient dans un film d’horreur, puis dans la scène suivante le décor d’un conte de fée, ou dans une autre, la décrive comme si elle était une image travaillée sur Photoshop, ou tout bonnement une interprétation psychanalytique de leurs émotions. Pour le Désert et l’Argent c’est ce même mécanisme que j’ai décliné et adapté au contexte spécifique de chacun. Dans le désert c’est un univers tantôt guerrier, tantôt biblique, tantôt sentimental à l’extrême que nous traversons. Dans le cas de l’argent c’est une traversée et une variation autour des séries, de la science et du psychédélisme sur lequel nous surfons. LES SPECTACLES J’ai utilisé ces textes à plusieurs reprises et sous diverses formes. J’ai d’abord créé la Forêt et l’Argent dans une version Théâtre au théâtre de la Balsamine. Le Désert bien plus tard à la Halte à Liège (ancienne salle de répétition de l’Opéra de Liège) sous le titre Fireworks )with me(. Mais chacun de ces textes a aussi été utilisé pour des lectures mises en espace, des formes courtes, et des performances. D’une reprise à l’autre nous n’avons jamais utilisé le même montage de texte. Un des points communs entre ces trois textes, c’est qu’à chaque fois ils ont été joués avec des musiciens qui font de l’électro en live : Fabrice Césario, Roeland Luyten et Aymeric de Tapol. D’une manière générale toutes mes créations ont fait l’objet de collaborations avec des créateurs sonores. Je n’ai jamais utilisé de musiques déjà existantes. La musique est une question à la fois scénographique et dramaturgique à laquelle j’aime m’affronter depuis que j’ai commencé le théâtre. C’est en 2011 à la sortie de la dernière représentation de l’Argent au Théâtre de la Balsamine que j’ai rencontré Baudouin de Jaer. LA MUSIQUE Baudouin de Jaer, depuis un an auparavant, cherchait un livret sur lequel s’appuyer pour composer un opéra. Plus ou moins par hasard il a assisté à une représentation de l’Argent. C’est ce texte (dont est tiré notre Acte III) qui a répondu à ses attentes et qui a donc provoqué notre rencontre. Après une brève discussion sur l’hypothèse d’une collaboration opératique sur le spectacle qu’il venait de voir, Baudouin m’a rapidement envoyé, comme convenu, certaines de ses créations musicales, je lui ai envoyé une sélection de mes textes en retour. Après lecture, il a donc décidé que ce n’était pas seulement l’Argent qu’il voulait monter mais la trilogie entière. Dès lors pour nous se posait la question de la durée car monter l’ensemble des textes représenterait des dizaines d’heures de représentation. Problème en partie résolu car j’avais déjà monté ces trois textes en formes courtes. Il existait donc une adaptation du texte et une mise en scène d’environ 30 minutes pour chacun de ces éléments du triptyque. Même si cela a demandé un bon travail de réajustement pour dépasser la simple juxtaposition des 3 textes, cela en a grandement simplifié la mise en œuvre. Autre élément favorable : la sobriété et la légèreté de la scénographie nous permettent de jouer sans avoir de machinerie incroyable pour les changements de décor et simplifient les transports. Les décors ne sont pas complexes à monter. C’est donc un opéra de chambre transportable. Tous ces éléments combinés nous facilitent donc la tache et réduisent les coûts. PREMIER PAS Rapidement après avoir pensé notre production nous avons compris que l’ambition du projet pourrait effrayer. Effrayer les producteurs oui, mais aussi et surtout, nous effrayer nous. Nous avons donc décidé de commencer le projet par une première étape en profitant de ce découpage en trois actes. Nous avons choisi de présenter uniquement L’ACTE I – LA FORET au Théâtre de la Balsamine en 2015. L’expérience a été idéale pour former une équipe solide, se rencontrer sur le terrain entre chanteurs, acteurs, sonorisateurs, régisseurs musiciens, chef, compositeur etc… Nous avons pu ainsi mesurer la faisabilité, la fiabilité et évaluer notre méthodologie. Après avoir rencontré un par un, les chanteurs, nous avons travaillé à la Maison de la création, avec le piano, les chanteurs, acteurs et Martijn Dendievel (un jeune chef impressionnant, vif, mémoire, précision, et conseillé par Patrick Davin). Baudouin et moi supervisions les répétitions prenant le temps de la mise en place musicale et des principaux déplacements, avant de monter sur le plateau de la BALSA. Là, les 9 musiciens de l’Ensemble BESIDES (genre ICTUS nouvelle génération), nous ont rejoint. Julie Petit Etienne et moi avons géré la lumière et la scénographie. Ceci a donné lieu à trois belles soirées à la Balsamine avec une belle fréquentation. Une belle réception de la part du public, de la presse et de la profession. STEP TWO Après un petit break car nous étions tous happés par d’autres projets, nous reprenons le projet pour passer à la suite des opérations fort de cette première expérience. Nous souhaitons dans un premier temps monter, au Théâtre de la Balsamine, l’acte III L’Argent. Cela aura lieu en Novembre 2019. Puis nous cherchons un autre lieu pour créer l’Acte II Le Désert et jouer dans la foulée, une fois ce dernier créé, la totalité du triptyque (nous avons choisi de créer l’acte II en dernier pour des raisons pratiques car il comporte des scènes de chœur comportant tous les interprètes des trois partis). AU FINAL Nous souhaitons donc créer un opéra de chambre. De chambre car sa durée est plus courte que la durée standard des opéras : 2 heures et 2 entractes de 15’ inclues – et parce que ce n’est pas un orchestre symphonique qui joue mais un ensemble de 9 musiciens + un chef. Nous aurons aussi la possibilité par la suite de jouer les différents actes isolément ou assemblés ce qui permettra de s’adapter à différents types de lieux, de budgets, de festivals…
Opéra de chambre en 3 ACTES
Livret, Mise en scène et Scénographie: Stéphane Arcas
Compositeur: Baudouin de Jaer
Chef: Martijn Dendievel
Chanteurs et comédiens: Pauline Claes, Cécile Chèvre, Patrick Kabongo, Sarah Laulan, Nicolas Luçon + (distribution en cours)
Ensemble beSides: Romy-Alice Bols, flûte ; Nele Geubels, saxophone ; Toon Callier, guitare éléctrique ; Maria Jose Jeannin, harpe ; Dejana Sekulic, violon ; Sam Faes, violoncelle ; Jasper Braet, électronique ; Fabian Coomans, piano; Jeroen Stevens, percussions
Assistanat mise en scène: Cécile Chèvre
Lumières: Julie Petit-Etienne
Ingénieur du son : Marc Doutrepont
Enregistrement et mixage: Jarek Frankowski
Photos: Hichem Dahes
CALENDRIER
Période | Lieu | Réservation |
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Bruxelles
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