90 DRAWING’S – Drawing Room

90 DRAWING’S

Vous n’allez pas en croire vos yeux, 90 dessins des années 90, refont surface à la Panacée !

Exposition du 14 au 18 septembre 2016
Avec : Stéphane Arcas, Emmanuel Duffaut, Manuel Pomar

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Manuel Pomar, Sans titre, 1998, 21×29,7cm

En prélude à l’exposition Bleu Bleu qui aura lieu à partir du 24 septembre à Lieu-Commun dans le cadre de la nouvelle édition du Printemps de Septembre à Toulouse.
Son commissaire, Manuel Pomar, l’artiste invité Stéphane Arcas et un ancien membre de leur collectif 330+1, Emmanuel Duffaut, présentent à Drawing Room leurs dessins réalisés il y a plus de vingt ans.

Ces séries débutées dans les années 90, à un moment de l’art où le dessin était dans la phase d’éclipse qui a précédé son renouveau au début du siècle suivant.

Manuel Pomar, co-fondateur de ALaPlage, artist run space toulousain, présente à partir de 1997 les dessins de Virginie Barré, Guillaume Pinard, Bruno Peinado, Petra Mrzyk et Jean-François Moriceau, artistes de sa génération qui ont fortement contribué à cette nouvelle visibilité du dessin. Leurs propositions revendiquaient l’autonomie du dessin comme médium à part entière. Celui-ci complètement inscrit dans son temps avec par exemple chez Guillaume Pinard et Mrzyk et Moriceau, le travail du dessin d’animation via le logiciel Flash et sa diffusion via le net. Ainsi que des imageries souvent très pop qui n’hésitaient pas à jouer de la séduction, sans toutefois faire de concessions au message. Dans un environnement où guerre du Golfe et de Yougoslavie préfaçaient les chaos actuels, les artistes tentent de saisir les subtilités complexes de la mondialisation. La naissance des réseaux à l’échelle domestique replace l’individu dans le contexte glogal. C’est à cet endroit que ces artistes usent du paradoxe pour à la fois reconnecter l’individu à lui-même mais aussi le maintenir branchés à la tectonique géopolitique. Ce nouveau dessin, s il est pop et subjectif, n’en oublie pas moins de porter un regard sur le monde.

Dans cette génération, d’autres artistes à la visibilité plus confidentielle ont aussi participé à ce nouvel élan.
C’est en écho à Bleu Bleu, exposition d’une fiction ancrée dans les années nonante, que nous proposons en amont de celle-ci, dans le cadre du salon, de présenter certains de ces dessins moins connus. 
Le recul et le prétexte d’une série d’expositions permettent de porter aujourd’hui un nouveau regard sur ces propositions marginales. Regard critique sur notre environnement mais aussi espace chantier d’œuvres en construction.

Comme une ode à la précarité et une apologie du « mouvement » slacker, l’ensemble les dessins, sont au format A4 réalisés sur papier standard machine. C’est peut-être aussi ce positionnement politique très « Génération X » qui a participé à l’invisibilité partielle de notre travail.

Stéphane Arcas, Emmanuel Duffaut et Manuel Pomar travaillent avec différents types d’outils : encre de chine, fusain, machine à écrire, crayon de couleur, feutre, spray, collage et outils numériques (balbutiants).
Stéphane propose un dessin réactif, où le monde est sondé par le prisme de l’ironie. La politique, l’art, le quotidien sont tournés en dérision. Cet humour acerbe permet tout les sujets. La mise en page, les légendes, peuvent rappeler le dessin de presse mais une certaine distance avec l’actualité l’en éloigne. D’autres dessins sont de l’ordre du projet d’installation en devenir.

Des trois, Emmanuel Duffaut, a le trait le plus précis. Proche du réalisme son dessin, s’inspire de photographies puisées à différentes sources. Fasciné par les Young British Artist, il réalise des « portraits » d’expositions à partir de clichés issus de catalogues. Ses dessins au crayon de couleur anticipent avec douceur la course effrénée à la photogénie de l’œuvre que ne vont pas tarder à se donner les artistes dans les décennies suivantes. Ces portraits de hits du marché de l’art en devenir côtoient ceux de son entourage. Le contraste entre les images d’expositions ultra travaillées et les photographies prisent à la volée lors de soirées arrosées témoignent de la distorsion opérante dans des mondes de l’art en pleine mondialisation.

Manuel Pomar pratique un dessin plus pictural, occupant souvent la page entière, images et textes se télescopent pour parfois constituer un récit séquentiel. Ici aussi, le monde est ausculté par les mots. Le collage mixe sur la page les notes de ses cahiers de brouillons et l’imagerie pop des mangas avec des plans d’architectures. La diversité de ses sources procède d’un sampling culturel qui témoigne de la richesse de ces années-là.
Influencé par Douglas Coupeland, un regard est porté sur une société en pleine métamorphose où le numérique s’immisce peu à peu dans toutes les strates du quotidien. Le choix d’une pratique archaïque confine au paradoxe ce regard sur les innovations technologiques qui perturbent nos habitudes.

Montrer ces dessins 20 ans après leur création permet d’inscrire ces travaux dans une perspective de la perception de l’art. 
Les années 90 ont permis d’accentuer pour le meilleur et pour le pire la démocratisation de l’art. Le dessin a été un des reflets de la mondialisation. Une jeune génération d’artistes se détachait de ses maîtres. Ceux-ci, souvent issus du mouvement support surface, ont fait parfois davantage preuve d’autorité que de transmission. Quoi de plus naturel alors pour mieux s’en émanciper que de se tourner vers des artistes américains souvent issus du mouvement alternatif, comme Jim Shaw ou Raymond Pettibon, pionniers de la rupture du clivage entre high & low culture.
Il est paradoxal aujourd’hui de voir que le renouveau du dessin, issu de cet élan transversal et libertaire, est de plus en plus le parangon d’un certain conservatisme en insistant sur un savoir faire et une figuration parfois éloignés de toute velléité prospective.

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Manuel Pomar, Le radeau de la méduse, 1997, collage, 21×29,7cm

Petit rappel de la possibilité d’un art critique, où tout ne se vaut pas, information primordiale à l’ère du nivellement généralisé où à force de like et autres cœurs distribués ça et là, l’énergie salvatrice de la critique et des querelles constructives semblent étouffés par un angélisme consumériste.

Manuel Pomar.

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