Ven 02-02-0209 : Agenda, Julie Hellenbosch

 

Who’s afraid of Catherine Millet’s lover? Stéphane Arcas – La Forêt (Vert, presque vert)

Trois personnages perdus dans une forêt, tournant en rond. Des histoires d’ogres, de fées, de films d’horreur. La Forêt s’inspire du conte pour parler de couple. Son auteur, Stéphane Arcas, sorte de Don Juan version marseillaise, est d’ailleurs un grand lecteur de L’île au trésor.

Je rencontre Stéphane Arcas au Parvis de Saint-Gilles, non loin du Verschueren, son « QG ». Je tente tout d’abord d’éclaircir une affaire nébuleuse. En effet, plusieurs descriptifs de sa pièce circulent dont l’un présente La Forêt comme une réponse au livre de Catherine Millet, La Vie sexuelle de Catherine M., Arcas ayant eu une brève liaison avec celle-ci.

AGENDA: D’abord j’aimerais élucider un mystère…

STEPHANE ARCAS: Catherine Millet!

AGENDA: Exactement…

ARCAS: En gros, c’est un peu du « name dropping » pour la communication. J’aime bien les allusions tirées par les cheveux. Je suis toujours preneur pour créer des petites légendes. Ce que je veux dire c’est que j’ai couché avec Lalie de Hélène et les garçons. C’est une fille de Carcassonne… Et Catherine Millet, on était pleins et puis c’était les années nonante à Paris…

AGENDA: En quoi votre pièce est-elle une réponse à son livre?

ARCAS: J’ai utilisé cette référence pour faire comme elle. Pour parler d’une œuvre littéraire, elle en a fait un objet de pop art. Comme Warhol, elle se sert de sa célébrité pour créer de l’objet et puis de la littérature. Je trouvais que c’était assez drôle, et médiatique.

AGENDA: Quel est le thème de la pièce?

ARCAS: Un des thèmes principaux c’est comment vivre le couple ou comment imaginer le couple.

AGENDA: Pourquoi avoir choisi une forme allégorique?

ARCAS: A cause des humeurs. De mes humeurs. Tout simplement, j’ai remarqué qu’à des moments, j’ai une obsession soit de travail, soit de loisir, soit de Facebook – j’arrête pas de déconner sur Facebook… Dans la rue, je vois un carton, je vais me raconter des histoires. Donc c’est une tendance que j’ai à toujours fictionnaliser le réel.

AGENDA: N’est-ce pas aussi une tentative atteindre quelque chose d’universel?

ARCAS: C’est juste pour avoir plusieurs angles par rapport à une question que je me pose. Qu’est-ce que c’est le couple? Par rapport à la survie. Qu’est-ce qui fait que quand je suis célibataire, j’ai pleins de conquêtes à droite à gauche, je me pose quand même des questions par rapport au couple? Pourquoi, même quand je vis bien ma solitude, je me pose des questions par rapport au couple? Tout comme, quand on est en couple, on se pose la question de « est-ce qu’être seul, c’est pas mieux? ». Donc, cette question-là est vue sous plusieurs angles en utilisant des paraboles, des métaphores et des allégories. C’est une autre façon de poser la question et c’est toujours une autre façon de ne pas y répondre. C’est pas tellement intéressant de trouver une réponse à ça; si ça pourrait être intéressant mais c’est pas mon boulot.

AGENDA: Le fait d’avoir déménagé à Bruxelles, la trentaine passée, a provoqué le déclic par rapport à la pièce?

ARCAS: Ca été le déclic d’arriver ici dans une ville que j’amais bien mais que je ne connaissais pas en fait. Je ne connaissais pas beaucoup de gens ici et je me suis vraiment retrouvé au milieu d’une espèce de forêt à explorer. Je rencontrais un peu des ogres, à chaque coin de rue, des gens qui m’ont perdu, des gens qui m’ont montré le chemin. Et même au niveau boulot, j’avais jamais travaillé à Bruxelles et quelque-part, personne ne m’attendait ici. Donc, j’ai dû tout reconstruire. J’ai pu me balader dans cette ville, faire le point et faire une cartographie de la forêt. Avec la légende de moi, mon travail, ma vie sentimentale…

N/E: Trois personnages perdus dans une forêt, tournant en rond. Des histoires d’ogres, de fées, de films d’horreur. La Forêt s’inspire du conte pour parler de couple. Son auteur, Stéphane Arcas, sorte de Don Juan version marseillaise, est d’ailleurs un grand lecteur de L’île au trésor.

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